Un mariage américain, Tayari Jones. Éditions Plon, 29 août 2019, 432 pages.

C’est un roman polyphonique que nous offre Tayari Jones : chaque chapitre étant l’une des voix des personnages principaux de ce récit. Roy et Celestial, mariés depuis dix-huit mois à peine, et Andre, l’ami d’enfance de Celestial et pote de Roy depuis la fac. Ils sont éduqués, ont la vie devant eux et un avenir prometteur. Mais ils sont Noirs.

Un matin, Roy est arrêté et condamné à douze ans de prison pour un viol qu’il n’a pas commis. Il était au mauvais endroit, au mauvais moment. La justice n’a visiblement pas envie de s’embarrasser avec une enquête approfondie. Après tout, Roy est le coupable idéal : il était là, il a vu la victime et il est noir, comme l’a précisé cette dernière.

En prison, Roy n’a que l’écriture pour ne pas sombrer, alors il écrit. À Celestial, principalement. Au fil des années, le couple s’étiole. Aurait-il pu en être autrement ? Ils n’étaient encore que de jeunes mariés lorsqu’ils ont été séparés. Celestial, après plusieurs années à jouer l’épouse modèle qui attend patiemment celui qu’elle aime, a décidé de reprendre sa vie en mains. Elle n’a pas signé pour la prison, pour les années derrière les barreaux et les visites dans cet endroit sordide qui la met mal à l’aise. Et, lorsqu’enfin Roy est libéré, c’est toute leurs vies qui vont être à nouveau chamboulées.

Avec ce roman, Tayari Jones soulève la question de l’identité africaine-américaine, de leur place dans la société. Le procès de Roy est passé sous silence car là n’est pas l’important. L’important, nous dit l’autrice, c’est que l’histoire de Roy pourrait arriver à n’importe quel africain-américain. Un mariage américain tente d’expliquer cette banalisation du racisme, dans le sud des États-Unis, là où les stéréotypes ont la vie dure, où certains pensent encore que la couleur de la peau fait d’un homme quelqu’un de civilisé ou non. Voilà, c’est tout ça que Tayari Jones met en avant dans ce roman.

Oui… Sauf que j’ai trouvé ça plutôt plat, un peu trop lisse. J’ai eu énormément de difficultés à ressentir de l’empathie pour les personnages, qui manquent de profondeur. C’est un roman sympathique et qui se lit bien. Néanmoins, j’avoue avoir un peu de mal à comprendre l’engouement américain pour ce roman parfois très manichéen dans sa façon de présenter certaines choses.

 


2 réponses à « « Un mariage américain », Tayari Jones. Grand Prix des Lectrices Elle 2020. »

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